Anasse Kazib : un jeune ouvrier issu de l’immigration candidat à la Présidentielle

Fils d’un travailleur chibani de la SNCF et petit-fils d’un tirailleur marocain, il est l’un des visages d’une nouvelle génération ouvrière qui a émergé depuis 2016, au cœur de la lutte des classes.

Figure emblématique de la grève des cheminots de 2018 et de la grève contre la réforme des retraites, il a été au-devant d’un combat acharné contre les stratégies perdantes des directions syndicales et pour que ce soit les travailleurs organisés à la base qui décident de chaque pas de leur mouvement, que ce soit au travers des rencontres intergares en 2018 ou de la Coordination RATP-SNCF en 2019-2020.

Lors de l’irruption du mouvement des gilets jaunes, il a été parmi les premiers à témoigner d’une solidarité à l’égard de ce mouvement, en entraînant un cortège de cheminots sur les Champs-Elysées dès le 24 novembre 2018, en organisant le « Pôle Saint-Lazare » aux côtés du Comité Adama ou encore en dénonçant ouvertement la trahison des directions syndicales vis-à-vis de ce mouvement.

Cortège de la Coordination RATP-SNCF le 16 janvier 2020

Sur le plateau des Grandes Gueules, où il a été chroniqueur pendant un peu moins de deux ans, il s’est fait connaître comme une voix révolutionnaire et internationaliste intransigeante, défendant systématiquement les travailleuses et travailleurs, la jeunesse, les militants des quartiers populaires et les gilets jaunes face aux propos réactionnaires qui abondent dans cette émission. Que ce soit aux Grandes Gueules ou dans d’autres émissions, il a à plusieurs reprises mis en difficulté des politiciens professionnels de différents bords, à l’image de son débat avec le ministre des transports Jean-Baptiste Djebarri auquel il a infligé une humiliation en règle, donnant de la force à l’ensemble des grévistes du secteur en lutte contre la réforme des retraites.

La candidature de ce cheminot de 34 ans, permettrait d’incarner en 2022 une orientation révolutionnaire et lutte de classes, indépendante de la gauche de gouvernement, y compris de ses variantes les plus « radicales », et ainsi de faire vivre dans l’élection les acquis de la lutte de classes des dernières années, dans toute leur richesse et variété. Elle permettrait également de porter à large échelle l’idée que les travailleuses et travailleurs doivent prendre leurs affaires en main s’ils ne veulent pas payer la facture de la crise et que, face au bloc bourgeois au pouvoir, il est urgent de construire une alliance ouvrière et populaire des travailleurs et des exploités pour vaincre Macron, Le Pen et les grands capitalistes qui les soutiennent.

AG du Pôle Saint-Lazare avec Assa Traoré le 6 décembre 2018

Face au danger d’un second tour dominé par la droite et l’extrême-droite, il est compréhensible que des voix se lèvent pour une union de la gauche comme « moindre mal ». Les expériences du passé plus ou moins récents montrent néanmoins que celle-ci n’a jamais été un rempart efficace contre les politiques capitalistes ni même contre l’extrême-droite. De Mitterrand à Hollande, les différents gouvernements de gauche ont fini à chaque fois par appliquer le programme de la droite, voire de l’extrême-droite (déchéance de nationalité en 2016), et c’est sur le terrain des désillusions avec la gauche au gouvernement que le Rassemblement National a élargi son électorat.

Et même lorsqu’il s’est agi de gouvernements de la gauche dite radicale mais se situant principalement sur le terrain des institutions, le bilan à tirer est loin d’être positif. Portée par une immense vague de luttes en 2015, Syriza a trahi, sous la pression de la Troïka, toutes ces aspirations, fait passer des réformes néo-libérales et privatisé au-delà des espoirs de la classe dominante. Célébré par le Financial Times, Tsipras a ainsi discrédité l’ensemble de la gauche anticapitaliste et pavé la voie au retour de la droite. Penser que la France pourrait s’en sortir différemment car elle est une puissance plus importante que la Grèce en Europe est une illusion, et ce d’autant plus pour une force politique comme LFI qui ne s’appuie pas sur la force organisée des travailleuses et travailleurs.

De même, Podemos n’a cessé de multiplier les trahisons au fur et à mesure de son intégration au régime. Après s’être désolidarisé en 2018 du grand mouvement démocratique en Catalogne, couvrant sa répression par une rhétorique conciliatrice, son entrée dans un gouvernement de coalition avec le PSOE, en a fait le complice des pires politiques : plan d’aides massives au patronat, augmentation du prix de l’électricité en pleine vague de froid, opposition à la libération des brevets à l’OMC, maintien des lois répressives comme la loi-bâillon (ley mordaza), traitement inhumain des migrants aux Canaries, etc…

La réalité est que tant que les Arnault, les Bettencourt, les Bolloré, les Pinault, les Mulliez et les Drahi auront entre leurs mains les outils de production, distribution et communication, il n’y aura pas de salut pour les travailleuses et travailleurs et les classes populaires. Ce d’autant plus que nous rentrons dans une phase de crise capitaliste dont il s’agira pour eux de faire retomber tout le poids sur nos épaules. C’est pourquoi, le véritable vote utile à la présidentielle est un vote de classe, qui contribue à préparer nos luttes et à nous donner la possibilité d’arracher des victoires jusqu’à en finir avec ce système de misère et d’exploitation.